Le boomerang, c'est cet objet aux propriétés aérodynamiques qui le fait revenir vers le lanceur après le lancer, et il se trouve que ceci ressemble à la conclusion de beaucoup de nos disputes ! En psychologie, on parle d'effet boomerang lorsqu'une tentative de convaincre provoque l'effet exactement inverse : l'autre personne est encore moins convaincue... Frustrant ? Oui, c'est frustrant, mais comprenons pourquoi ça arrive, et comment éviter le retour du boomerang.

Il était une fois... dans le Connecticut.

À New Haven, où le psychologue Charles Kiesler a testé l'effet d'un tract opposé à la contraception sur des femmes qui y sont favorables.

  • Jour 1 : la moitié des femmes était invitée à signer une pétition favorable à la contraception. L'autre moitié n'était pas sollicitée.
  • Jour 2 : étaient déposés des tracts opposés à la contraception au domicile des deux groupes de femmes.
  • Jour 3 : on demandait aux deux groupes leur opinion sur la contraception, et si elles accepteraient des activités militantes pour cette cause.

Résultats : lorsque les femmes s'étaient engagées pour la contraception (en signant la pétition), alors le tract opposé à la contraception avait l'effet paradoxal de quadrupler leur engagement, alors qu'il le limitait pour celles qui n'avaient pas signé de pétition. Plus elles étaient engagées pour une cause, plus les contre-arguments généraient donc un effet boomerang.

Oui mais comment ça se passe ?

L'effet boomerang est très proche de la théorie de l'engagement, théorie qui nous montre que le simple fait de s'engager dans une voie (une dispute, une réconciliation, un achat, etc) peut générer des comportements qui n'auraient sans doute pas eu lieu sans l'engagement initial. Imaginez par exemple qu'on vous invite à dîner, et que l'on annule avant que vous vous prépariez à sortir, votre réaction serait modérée on est d'accord ? Maintenant imaginons que l'annulation ait lieu 5 minutes avant que vous arriviez au restaurant, resteriez-vous aussi zen ? Pas sûr, et ça nous montre que la différence de réaction est moins liée à votre envie de dîner au restaurant qu'au degré d'engagement que vous avez investi à l'idée d'y aller. C'est simple : plus on s'engage, moins on accepte de s'être engagé pour rien, et plus on s'obstine.

Revenons maintenant à notre boomerang : supposons que deux personnes se disputent, quel est leur comportement engageant ? Réponse : le fait de se disputer depuis 5 minutes ! Pour ne pas perdre la face, les gens se comportent en accord avec ce qu'ils viennent de dire ou faire, s'engager dans la dispute génère donc un effet d’entraînement où la dispute renforce la dispute, où les arguments de l'un amplifient les contre-arguments de l'autre : il y a retour du boomerang.

Qu'est-ce qu'on en fait ?

L'enjeu est donc d'identifier les facteurs d'engagement négatif et de ne surtout pas les renforcer !

Voilà la technique : Si Bob se dispute avec vous et que vous argumentez avant de l'avoir calmé, l'erreur est de le maintenir engagé dans la dispute : vos arguments perdent en influence. Si par contre vous arrivez à calmer Bob ou mieux : à lui faire dire qu'il aimerait arranger les choses, alors c'est sa promesse qui l'engagera, et vos arguments auront un tout autre pouvoir ! Travailler sur le contexte d'une discussion est donc tout aussi important que travailler sur son contenu, sauf si vous souhaitez obtenir un boomerang gratuitement !

L'effet boomerang désigne le fait qu'une tentative de convaincre aboutisse à l'effet inverse : la personne est encore moins convaincue.
Cet effet s'observe lorsque la personne que l'on souhaite convaincre est déjà fortement engagée dans la position inverse.
Il devient utile d'identifier les facteurs d'engagement afin de savoir comment les utiliser pour le bien de tous !