«  L'Origine des espèces » de Charles Darwin fut une révolution pour la biologie, et plus largement pour toutes les disciplines étudiant le vivant dans toutes ses manifestations. Mais si l'étude du vivant a été si fortement impactée par la théorie de l'évolution : quid de l'être humain, animal parmi les animaux ? Quid de la psychologie qui étudie cet animal aux fonctions cognitives si développées ?

Il était une fois … dans le Beagle.

De 1831 à 1836, Darwin participe à l'expédition du Beagle, navire de la Royale Navy britannique, dans l'hémisphère Sud. Il y passe le plus clair de son temps sur terre et non sur l'eau, à observer et étudier de nouvelles espèces et de nouveaux sites géologiques. De toutes ses observations émergea une théorie visant à expliquer l'origine de la diversité des espèces. L'élégance et la portée intuitive de cette théorie est telle, qu'on en vient à se demander pourquoi la théorie de l'évolution n'a pas été découverte avant Darwin !

On vous la décrit, dans ses principes de bases :

  • Dans un groupe donné d'individus, existe des variations des traits héréditaires (différences de taille, musculature, agilité, etc) ;
  • Certaines de ces variations apportent un avantage évolutif à l'individu qui les détient ou à ses proches (en facilitant leur reproduction, notamment via la survie), et ce en comparaison des individus qui ne détiennent pas ces variations ;
  • Ces variations héréditaires ont donc une plus grande probabilité d'être présentes dans la génération suivante vu que ceux qui les détiennent ont plus de chances de survivre et se reproduire.

Transposons maintenant ces 3 principes à cet exemple imaginaire volontairement caricatural :

  • Chez l'Homme, il y a des personnes blondes, brunes, rousses, etc. (Principe de variation des caractères héréditaires).
  • Si à partir de demain, et pour une raison bizarre, seuls les bruns et brunes peuvent se reproduire (Principe d'avantage évolutif de certaines variations par rapport à d'autres).
  • Alors dans 9 mois, tous les nouveaux nés auront des parents bruns, augmentant ainsi la proportions de bébés bruns dans la population humaine. (Principe d'hérédité des variations avantageuses).

Au bout d'un certain nombre de générations, l'espèce humaine sera composée essentiellement de bruns et brunes, l'espèce humaine aura évolué.

Oui mais comment ça se passe pour la psychologie ?

Dans les années 1980, des psychologues ont voulu employer la théorie darwinienne pour mieux comprendre l'être humain, et c'est ainsi que la psychologie évolutionniste est née, elle aussi avec des principes clés :

  • Le cerveau dont nous sommes aujourd'hui doté, comme tous nos organes, est l'héritage d'une évolution biologique.
  • Pour mieux comprendre certaines fonctions cérébrales, on s'intéresse donc aux conditions et pressions environnementales ayant façonné sont évolution.
  • Vu la lenteur des processus évolutifs, il est peu probable que les transformations récentes liées à l'agriculture ou à l'industrialisation aient modifié significativement notre cerveau.
  • En conséquence, nous vivons dans des cultures modernes, avec certaines fonctions cérébrales originellement adaptées pour une époque désormais révolue, durant laquelle nos ancêtres devaient faire face à des contraintes bien différentes de celles auxquelles nous faisons face aujourd'hui. Nous pouvons ainsi nous attendre à ce que certains comportements s'expliquent par des fonctions évolutives.

Et concrètement, de quoi on parle ?

Un exemple ne serait en effet pas de refus : prenons le langage verbal.

Nous constatons que toutes les sociétés humaines, quelque soit leur époque ou leur localisation, utilisent la communication verbale. Le caractère universel d'un comportement est généralement considéré comme indicateur d'un potentiel facteur évolutif (car l'existence du comportement ne semble pas soumis aux variations culturelles). Seulement il ne vous aura sans doute pas échappé que les sociétés n'utilisent pour autant pas les même langues, ni les mêmes techniques de communications.

En conséquence, nous pourrions supposer que la communication verbale humaine peut s'expliquer à la fois par la théorie de l'évolution (qui explique son utilisation universelle), et à la fois par les autres disciplines étudiant le langage (linguistique, anthropologie, psychologie), qui elles expliquent notamment les variations locales de la communication verbale humaine.

Il ne s'agit donc en aucun cas de supposer que le comportement humain et sa psychologie seraient innés (ou même acquis), mais de supposer que parmi les déterminants du comportement humain et de sa psychologie (dont l'environnement et l'histoire de vie jouent une part considérable et non contestable), existe un aspect évolutif, non influencé par les données de la réalité moderne, mais façonné par l'évolution.

La théorie de l'évolution peut donc apporter à la psychologie une approche nouvelle, un regard nouveaux à même de mieux comprendre le développement du comportement humain : l'heure est à l'interdisciplinarité !

La théorie de l'évolution élaborée par Darwin apporte une explication scientifique et naturelle à la diversité des espèces.
Cette théorie a été reprise par des psychologues, partant du principe que le cerveau humain, comme tout organe, est lui aussi le fruit d'une histoire, l'histoire de l'individu, et de son espèce.